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Bienvenue à Zombieland !

Les télex tombaient de toutes parts. Sans entrer dans les détails, chacun dans son coin du pays annonçait que les réunions prévues étaient annulées. Tous les plannings étaient bouleversés. Il n'y a pas eu de cellule de crise pour nous. La décision fut prise en urgence et le reste de la troupe s'y plia. On a remis nos masques pour sortir.

C'était la fin de l'été et ça sentait bon le printemps (sauf la fois où j'ai oublié de me brosser les dents et que j'ai dû respirer ma propre haleine toute une matinée). J'avais la partie supérieure du visage bien bronzée et une trace rouge (signe d'une allergie quelconque à un des composants du matériel de protection) au niveau de la crête du nez, bien horizontale...une peinture de guerre en quelque sorte. Je me gavais de Co2 toute la journée, parlant comme une borne de Mc Drive larsenisante. Mes mains avaient la pelade à force d'être lavées et relavées à tout bout de champ (entre 100 et 150 fois par jour) si bien que le gel hydroalcoolique te sers juste à vérifier si tu es encore sensible à la douleur ou si il va falloir que tu t'amputes à grands coups d'incisives comme Maurice Herzog.

Quoi qu'il en soit, on a vécu comme ça pendant 7 longs mois, chacun y allant de la sienne pour rendre le monde meilleur. Comme mon voisin, à qui tout le monde jette des projectiles quand il joue de sa gratte chez lui. Là, il a joué à son balcon et est devenu une star des réseaux sociaux. Après ça, tu peux même plus lui crier d'avoir des rapports contre nature avec un rhinocéros ou de faire des choses avec ses parents décédés ! Des artistes que tu n'écoutes jamais ont fait des duos pourris qui tournaient en boucle toute la journée. D'autres ont proposé des cours : guitare, piano, pliage d'avions, faire voler les avions pliés...A croire que quand tu t'emmerdes chez toi, t'es forcément obligé d'en faire profiter les autres. J'étais un peu comme tout le monde au début, avec quelques bonnes idées mais sans grand succès. Comme ce cours de « Naked Yoga » en visio conf', que je proposais à la gente féminine de 25 à 45 ans qui a fait chou blanc. Bref, les erreurs du passé...

" Les gousses d'ail au dessus de la porte d'entrée : anti zombies garanti!"

J'étais dehors, pendant que la plupart étaient enfermés, zigzaguant entre les chiures de mouettes et les rats morts dans les rues vides de ma ville. Quelques uns, moins trouillards ou plus savants que les autres, s'entassaient allègrement devant les magasins de denrées rares, masqués et gantés, une bonne heure avant l'ouverture. Je mesurais, chaque jour, ma chance et ma malchance de pouvoir sortir. Ma chance, parce que je pouvais respirer et travailler, comme avant. Ma malchance, parce que personne ne m'avait préparé ni coaché pour me frotter aux zombies. J'avais 10 masques par semaine pour faire face à la perfidie des zombies : (lire ce qui suit en hurlant très fort!).


« Lieut'nant Jim ! » (si il y avait une guerre, je serais vraiment lieutenant, c'est pas des blagues!)

_ « Voui, mon Commandant ! »

« Vous allez être parachuté au milieu des zombies ! Vous acceptez ou vous refusez ? »

_ « J'accepte mon Commandant ! »

« Vous êtes une tafiole, Lieut'nant Jim ? »

_ « Non mon Commandant, je suis pas une tafiole ! J'aurai des masques, mon Commandant ? »

« Y'a que les tafioles qui ont des masques ! Vous en aurez 10, Lieut'nant Jim ! Et vous êtes pas une tafiole...vous êtes une tafiole ? Vous aimez les Péplums, Lieut'nant Jim ? Vous êtes déjà allé aux bains Turcs ? »

_ « Non mon Commandant, jamais ! 10 masques ça suffira ! »

Voilà comment s'est passée ma prise de poste, grosso modo, avec quelques enjolivures ! En l'espace de 24h, je me rendais chez les gens le visage rougi, les mains enfles et le cœur gros. Tension artérielle à 17/10 et saturation à 87.

On a tous espéré la reprise. Les gens en avaient marre de cette situation. On te disait : « attention au zombie derrière toi !!! ahahaha, poisson d'avriiiil! » Et de poisson d'avril en poisson d'avril, on a tous cru que c'était fini, qu'on allait enfin nous lâcher un peu la grappe. Mais voilà, les décrets tombaient avec la régularité des menstrues de ma femme et, apparemment, les zombies étaient de retour.


Il ne suffisait plus qu'ils t'embrassent avec la langue ou qu'ils te crachent à la figure. Là, c'était du sérieux ! Un pet de zombie pouvait infecter 10 personnes. Il se faufilait dans l'air, chevauchait entre les habitations et, avec sa tête chercheuse de pet de zombie (dont seuls les zombies connaissent le secret!) il était capable de viser tes narines. 7 jours après, tu te retrouvais seul à table, comme un con de zombie, à bouffer toute ta famille. Du sérieux, je vous dis! Tellement sérieux que les télex ont commencé à fuser. Les réunions et regroupements étaient interdits.

Le Royal Cambouis 6ème édition n'aura pas lieu, comme un tas d'autres événements. Enfin, pas cette année, en tout cas ! Mais je vais vous donner un conseil. Le conseil du Lieut'nant Jim : Quand vous rencontrez un zombie, il faut viser la tête. Duke pour Royal Cambouis, le Blog.

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